MINAUDER, verbe intransitif.
Faire des mines, prendre des poses, adopter des manières affectées pour plaire, pour séduire.
Si j’avais eu le droit de compléter cette définition du Trésor de Langue Française, j’aurais allègrement rajouté « caractéristique première des actrices françaises exaspérantes ».
***À quoi reconnaît-on l’actrice minaudante ?
L’actrice minaudante, c’est d’abord celle qui fait la moue. Soit la moue se veut boudeuse, soit elle se veut faussement adorable et alors l’actrice regarde vers le haut d’un air de chien battu. Fermez les yeux et imaginez une grande fille blonde, l’air blasé… Elle fait des grands yeux et prend des airs de cocker mal nourri avec parfois dans le regard une lueur de mépris insipide… Si j’étais méchante je dirai : c’est bon vous avez visualisé les 95% du jeu de Mélanie Laurent, mais aussi d’Isild Le Besco, de Léa Seydoux, d’Audrey Tautou et de Mélanie Thierry.
A quoi donc ont pu servir les Constantin Stanislavski, les Vsevolod Meyerhold, les Jerzy Grotowski et tant d’autres qui comme eux se sont échinés à créer de leurs mains de belles et profondes théories du jeu d’acteur si l’on doit finalement voir ces actrices réduire à une peau de chagrin l’immense potentiel d’expressions faciales qu’il leur était donné d’exploiter. Si les premières bases du théâtre sont de bannir tout geste parasite, leur jeu d’acteur se résume à un immense geste parasite incessamment renouvelé…la moue.
Stanislavski a dit un jour d’une actrice : « Elle n’aime pas l’art, elle s’aime elle dans l’art » et cette cruelle assertion rend bien compte de ce cabotinage particulier qu’est le recours permanent à la moue.
Mais par-dessus tout, ce qui est frustrant c’est de les voir se cantonner aux mêmes expressions, à nager plus ou moins dans leur zone de confort. Pas de prise de risques, jamais ! Un peu comme si on leur offrait un immense dictionnaire des figures de style et qu’elles disaient : « Ah tiens l’anaphore c’est sympa je ne vais écrire que des anaphores toute ma vie », comme si on leur offrait une cuisine équipée pour préparer et qu’elles se faisaient des nouilles au beurre, comme si on elles avaient une machine à broder très performante mais qu’elles s’arrêtaient à la répétition mécanique du point de croix…
***Aspects sociologiques de la minaudante
Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de vivre l’expérience suivante après avoir vu un film dans lequel joue Mélanie Laurent ou Audrey Tautou ?
En général, après le film, l’assistance se divise en deux camps. Le premier camp (des filles le plus souvent) va probablement se mettre à hurler quelque chose comme : Mais elle joue tellement mal que j’ai la rétine qui saigne, comment tu as pu regarder ça jusqu’au bout ?
Le second camp (le plus souvent composé de garçons) va alors répondre quelque chose du genre : Ah bon ? Non mais le film était bien, je ne vois pas ce que tu reproches à l’actrice.
De sorte à ce que nous pourrions résumer le débat par la célèbre chanson :
« Les filles la trouvent molle
Déplorent son jeu d’actrice
Les mecs la trouvent bonne
Et admirent sa plastique »
A-t-on des références précises à l’appui ? Oui.
Prenons Audrey Tautou dans quelques-uns de ses films : Vénus beauté institut, L’auberge espagnole, Les Poupées russes, Ensemble c’est tout, La délicatesse, Hors de prix, Dieu est grand je suis toute petite et A la folie pas du tout. Si son rôle désormais célèbre d’Amélie Poulain nous a révélé une Audrey pétillante, je vous mets au défi de trouver un seul moment où elle change radicalement son jeu dans ses autres films, sa palette d’intensité émotionnelle semblant passer de l’ennui au mépris et du mépris à la moue. Il en est de même pour Mélanie Laurent. Que ce soit dans Je vais bien ne t’en fais pas, Paris, Inglorious bastards ou Dikkenek, ses expressions faciales vont de l’air blasé au demi-sourire, voire au demi-sourire en coin. Ces mêmes reproches sur l’homogénéité et la non-variation du jeu ont été faits à Marion Cotillard et à Judith Godrèche et sont composés de façon drolatique sur le blog de Cinephiledoc, qui sert de prélude à cet article.
***Pourquoi ce procès ?
Cet article n’a pas pour objectif d’être gratuitement satirique ou de donner du grain à moudre au groupe des Mélanie Haters. Haïr sans bornes n’est pas ma passion, et je garde ce verbe précieux pour des choses importantes telles que les Guéant, les Morano, les anti-mariages pour tous et Marc Levy. Et puis sur Mélanie Laurent tout a déjà été dit, et très bien. Par exemple :
L’article : « Pourquoi tout le monde déteste Mélanie Laurent » raconte les raisons qu’ont les désormais célèbres Mélanie haters de ressentir de l’aversion envers l’actrice :
« Je sais que Mélanie n’a pas aucun talent. C’est juste que 10 000 filles en ont plus qu’elle, et qu’elles ne tourneront jamais avec Tarantino. Voilà ce qui peut engendrer véritablement la haine. Je ne parle pas de jalousie, mais d’injustice ! Si le papa de Melanie n’était pas dans le métier, je ne pense pas qu’on la verrait partout et qu’on entendrait ses chansons aux poireaux/pommes de terre. »
Ici, à propos du coup de gueule de Mélanie vis-à-vis de ses haters, on lira également : « C’est là tout son paradoxe : une actrice qui a construit son succès sur l’image de la fille ordinaire, mais qui ne supporte pas de ne pas être adulée comme une star. Et forcément, ça énerve… »
Non, l’objectif ici est de chercher à comprendre pour quelles raisons le paysage cinématographique français est actuellement infesté de minaudantes.
Le problème est-il du côté des actrices ou de celui des réalisateurs qui les cantonnent à ces rôles ? Soit les actrices manquent de courage pour s’extraire de ces carcans, soit les réalisateurs manquent d’imagination pour elles. J’aimerais bien voir comment se passe sur le tournage la direction du jeu d’acteur de ces femmes. Est-ce que les réalisateurs en rajoutent ? « Mélanie, plus de moues s’il-te-plaît ! » ou au contraire restreignent : « Audrey, essaie de sourire quoi ! ». Et les réalisatrices, comment dirigent-elles les acteurs ?
Je suis toujours effarée par la propension de certains réalisateurs à mettre en avant des archétypes féminins aussi inchangés que stéréotypés : la petite chose fragile, l’hystérique ou la beauté fatale. Oui bien sûr, ce sont des archétypes me direz-vous, ils ne datent pas d’hier ! Et vous aurez raison ! D’ailleurs, d’où viennent-ils ?
***Origines littéraires de la minaudante
La littérature nous a légué quelques archétypes féminins dont le cinéma a de grandes difficultés à se dépêtrer ou même seulement à contourner : la femme fatale, la mère, l’hystérique, la minaudante… La femme fatale c’est par exemple Esther de Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, c’est la Nana de Zola, peut-être la Fille Elisa d’Edmond de Goncourt, quoique cette dernière tend clairement vers l’hystérie, et la minaudante ce serait Mathilde de la Molle dans Le rouge et le noir, n’arrivant pas à la cheville de Mme de Rénal dans le sublime. La minaudante ce serait également Ruth Morse dans Martin Eden de Jack London, des personnages féminins insupportables, exaspérants de caprice et qui rappellent parfois Catherine des Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. Et bien sûr on retrouve toutes ces minaudantes à foison dans les collections Harlequin, les secrétions textuelles de Marc Levy, de Guillaume Musso et d’Anna Gavalda.
Le problème majeur, c’est que cela a tendance à faire une grosse marque dans l’inconscient collectif. Là où ça devient fâcheux, c’est que cela suinte tristement dans les représentations sociales…et les réalisateurs vont faire jouer aux femmes principalement deux ou trois types de rôles : la petite chose fragile, l’hystérique ou la beauté fatale, et les actrices, n’ayant pas la plupart du temps d’autres rôles à se mettre sous la dent (du moins pour ce qui est des films à gros budget) joueront comme ça.
Heureusement, il y a pour nous sauver des actrices qui résistent aux minauderies et qui savent jouer des rôles différents, qui savent déployer subtilement la palette de leur jeu, citons au hasard Sylvie Testud dans Stupeur et Tremblements, Sara Forestier dans Le nom des gens, Noémie Lvovsky dans Camille Redouble, ou encore Cécile de France et Chiara Mastroianni…
Heureusement encore, il y a le cinéma d’art et d’essai pour nous sauver de ces clichés.
Mais le mal est fait.
***Le jeu des minaudantes fait de grosses tâches dans les représentations sociales féminines. Pourquoi c’est grave ?
Aller voir un match d’improvisation avec des joueurs débutants est une expérience intéressante.
Pour en avoir plusieurs fois fait l’expérience (en tant que spectatrice comme en tant que joueuse), j’ai remarqué que les filles avaient tendance à se couler intuitivement dans des moules archétypaux confortables et tout prêts : le plus souvent la séductrice (la femme fatale, l’infirmière sexy…) ou la minaudante (la femme enfant, la boudeuse…). Dans l’urgence (« Je n’ai que quelques secondes pour inventer un personnage ! ») les stéréotypes profondément ancrés remontent, c’est un phénomène qui touche tous les joueurs…mais dans certains cas cela fait peine à voir.
Un jour notre formatrice de théâtre d’improvisation nous a dit : « Les filles, est-ce que vous êtes conscientes que durant toute l’heure de jeu vous n’avez fait QUE des rôles de séductrices ou bien des rôles de femmes qui font des métiers clichés : institutrice, infirmière, bibliothécaire… ? Que vous interprétiez toujours un personnage devant obéir à un homme…ou devant le séduire ? Vous êtes sur scène, vous êtes libres d’inventer tout ce que vous voulez, pourquoi vous n’en profitez-vous pas pour jouer une femme chef d’entreprise ? Ou une femme présidente ? », une belle façon de contrer les minaudantes dans l’autre sens.
Et non, nous n’avions pas fait attention à cette auto-assignation des rôles.
Heureusement aussi, en impro, il y a deux fautes que j’adore, ce sont les fautes de cabotinage et de clichés ! Une moue trop prononcée ? Un joueur qui fait tout le temps le même personnage ? Qui se love avec délectation dans un stéréotype dont on voit clairement les ficelles ? L’arbitre souffle dans son kazoo pour punir le joueur fautif d’en faire trop.
Alors la prochaine fois : Bbbbbbbbbbbbbzzzzzzzzzz * bruit de kazoo* J’apporte mon kazoo au cinéma.
Et je râle ! Et j’impose une faute de jeu !
Contre les moues minaudantes.
Et contre les réalisateurs !
**Et pour continuer à râler en riant, la suite de l’article c’est Cinephiledoc qui s’en charge !**
Why not Zoidberg ?
Sinon plus sérieusement, le choix de l’anaphore est triste. C’est pas la plus rigolote (comme Mél.) Notons tout de même que même pauvre le minaudage est un jeu d’acteur.
Pis les réalisatrices n’imposent t’elles pas ce jeu aussi ?
Pis les réalisatrices n’imposent t’elles pas l’homme moderne et sensible aux acteurs ?
Pis le réalisateur Tarantino va t’en vouloir de lui écorcher son nom.
Sauras tu retrouver la figure de style ?
Enfin ça m’impose presque une réflexion sur les clichés. Mais il est trop tard.
BLOUBLOUBLOIOUUUUBLOU (v)(;,,;)(v)
Why not Zoidberg ?
Eh bien la question mérite qu’on y passe plus de temps que sur une anaphore en effet !
Oui Zoidberg, pourquoi pas d’ailleurs, il y a davantage d’intensité dramatique dans son jeu que dans celui de Mélanie ! 🙂
son pouvoir elle le tire du satanisme c’est une fille qui a participé à des cérémonies sataniste son charme elle letire de là !
c’est uen salope une voleuse un fille sans âme comme totu le show bizz américain
Ouais, tous des diables à cornes avec des queues en tire-bouchon, d’abord !!!