Puisque maintenant il est scientifiquement prouvé que l’on peut danser sa thèse ou bien faire sa soutenance en 180 secondes, reste à savoir si un talentueux chanteur ambitionne de réaliser une comédie musicale sur le thème ô combien mélodramatique du doctorat.
Qu’en est-il à ce jour de la production chansonnière étudio-corporatiste ? Y aurait-il une hymne des doctorants qui traîne sur Youtube ?
Oui, c’est la chanson : Tu dois finir ta thèse (Minotaure) de Simon Berjeaut, qui est drôle, fine, poétique lucide, bref je n’avais aucune chance de faire quelque chose de plus brillant…
Alors j’ai eu l’idée d’une hymne du thésard beaucoup plus cheap, plus terre à terre, davantage appropriée aux soirées de désespoir alcoolisé ou le thésard se rend compte que le samedi soir à 23h il est toujours en train de peaufiner le petit 3 du chapitre II de la troisième partie de l’introduction aux concepts fondamentaux de la malacologie et que c’est pour ça qu’il a décliné une invitation à une soirée tapas. Mais elle peut également convenir aux fins de journées doctorales au moment où quelqu’un sort son ukulélé !
Cette hymne sera une véritable plaidoirie pour le doctorant dont le statut est parfois proche de celui de l’artiste (« C’est quand que tu fais un vrai métier ? ») d’où le choix de la chanson à parodier, une mise à nu poignante des splendeurs et misères des aventures doctorales sans cesse ballottées entre joie épistémique et désespoir rédactionnel…et accessoirement une mauvaise reprise de Balavoine truffée de calembours douteux.
Sur l’air du Chanteur, il faut brailler très fort et si possible avoir une bière à la main, sinon c’est passablement moins drôle.
Je me présente
Je m’appelle Thérèse
Je voudrais bien réussir ma thèse
Être publiée
Être prof avoir des enseignements
Puis surtout un labo décent
Mais pour tout ça il faudrait que j’ai des financementsJe suis thésard
Je cherche sur mon terrain
Je gagnerai pas de thunes mais je fais des trucs que j’aime bien
Je veux écrire une thèse en moins de dix ans
Un style fort dense et percutant
Pour faire danser dans les pots de thèse des doctorantsEt partout à la BU je veux qu’on parle de moi
Que l’AERES soit nu
Qu’il se jette sur moi
Qu’il m’admire qu’il me tue !
Qu’il s’arrache mon CNU
Pour les anciens de l’école doctorale
Devenir capitale
Je veux qu’à chaque débat ils jalousent mes résultats
Que partout je sois citée
Et un jour qualifiéePuis après quand j’aurais mon doctorat
Mon public se prosternera devant moi
Des colloques de cent mille personnes
Où même la Sorbonne s’étonne
Et se lève pour prolonger les débatsEt partout à la BU je veux qu’on parle de moi
Que l’AERES soit nu
Qu’il se jette sur moi
Qu’il m’admire qu’il me tue !
Qu’il s’arrache mon CNU
Puis quand j’en aurais assez de rester leur idole
Je quitterai le CNRS comme dans les années folles
Je ferai de la recherche-action
Et de la recherche création
Et puis l’année d’après je recommencerai
Et puis l’année d’après je recommencerai
Je me prostituerai
Je bosserai dans le privéLes nouveaux de l’école doctorale diront que je suis PDG
Que j’ai plus d’impact factor
Que je ferais bien d’arrêter
Brûleront mes articles
Me chasseront de la fonction publique
Alors je serai en post-doc et je pourrai crever
Je me chercherai un poste d’Ater pour pouvoir être payé
Je veux finir docteur
Pour pouvoir me vanter
Je veux mourir docteur
Pour avoir un chapeau carré
Pardon, Daniel, pardon…
***Pour les intéressés j’organise également des séminaires pour apprendre à fabriquer des petits chapeaux de docteur (le vrai nom c’est graduation hat ou mortier, je le précise car cette question a longtemps hanté mes nuits) avec des bouts de carton, de la colle, des ciseaux et des trucs géniaux trop vite oubliés qui sont les compétences acquises en maternelle pour arriver à coller le scotch droit.
Vous verrez, les travaux manuels c’est splendide, ça permet de se rendre compte que notre cerveau sait faire autre chose que lire Foucault !
Effet cathartique garanti ! ***